La Dentelle de Megève


Mme. Françoise Monneret est une dentellière passionnée qui a retrouvé
l'existence de la dentelle de Megève !
En avant première de la sortie de son livre sur la dentelle,
elle nous fait partager quelques connaissances sur cet art oublié...


Dentelle bobinée sur des fuseaux de bois Il s'agit de dentelle aux fuseaux. C'est le produit d'un métier d'art, qui consiste à entrecroiser un certain nombre de fils, pour former une bande étroite de tissu, garnie de dessins reliés entre-eux par un fond plus ou moins ajouré. Les fils sont bobinés sur des fuseaux de bois ( petites bobines comportant un manche ).

Cet art a été pratiqué depuis la fin du XVIIème siècle à Megève et dans le Haut Val d'Arly. En 1791, J.B. Berthet, plébain de Megève, écrivait: " le principal art est celui de la dentelle qui, malgré les décisions de l'étranger, ne laisse pas moins de seize à dix sept mille livres par année ".

En 1820, le syndic de Megève écrivait à l'intendant du Faucigny: "  il n'existe à Megève aucun établissement ni manufacture, il s'y fabrique néanmoins des dentelles en fil et en crin, qu'on exporte en France et en Piémont, pour environ 10 000 livres par an ".

Au milieu du XIXème siècle, il y avait à Megève 110 dentellières, qui produisaient chaque année 500 m de dentelles de lin et 5000 m de dentelles de crin de cheval. La population de l'époque était de 1700 habitants.

Les dentelles de lin et de chanvre ( appelé de la ritte ) étaient vendues pour garnir les coiffes et le linge de maison. Le crin des chevaux ( élevés à Megève depuis le XIème siècle ) était utilisé comme du fil. La dentelle obtenue était noire ou blanche ( selon la race du cheval ) et très raide. Elle était vendue en Maurienne pour garnir les coiffes des enfants.

Dentelle de Megève en crin de cheval noir :
Dentelle de Megève en crin de cheval noir

Pour la dentelle de lin et de chanvre, on peut situer la fin de la production vers 1860. La dentelle de crin était encore vendue en Maurienne vers 1910, mais la fabrication a dû cesser dans les dernières années du XIXème siècle.

 

Françoise MONNERET, 30 mars 2000

 

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